Le coureur des bois
Par Simon Beauséjour
À l’image d’un journal de bord, ce blogue servira à documenter la mise en place d’une cidrerie artisanale. Dans une démarche d’apprenti cidrier, l’idée est de partager l’aventure plutôt originale que mon père Alain, a débuté il y a de cela environ 5 ans. Au cœur de la démarche se trouve le pommier sauvage. Il serait faux de croire qu’il s’agit d’un sujet mince qui concerne seulement l’agriculture. Car au-delà d’une plante productrice de biens, se trouvent des fleurs, des feuilles, des branches, un tronc et des racines solidement implantés dans un écosystème que nous partageons tous. Les origines même de ces pommiers trouvent écho dans nos propres racines, nous les Nords américains, québécois, colonisateurs de cette nature. Bonne lecture !!!
Le
coureur des bois
Selon les scolaires, l’origine des pommiers provient du
Kazakhstan, contrée lointaine au carrefour de l’Europe, du Moyen-Orient et de
l’Asie. Il s’y trouve semble-t-il des forêts de pommiers sauvages, à l’état
naturel, c’est-à-dire sans que l’humain y soit pour quoi que ce soit. De ces
forêts, les pommiers ont peu à peu migré vers le reste du monde au gré des
mouvements humains et commerciaux pour se retrouver en Europe et en France
notamment. De là est l’origine de nos pommiers, ceux-là même qui peuplent le
verger sauvage de mon père. Il est donc plus ou moins juste de les appeler "sauvages" car ils sont d’origines domestiques et sont en fait, des échappés
de cultures. Il serait plus équitable de les nommer pommiers ensauvagés ou pour
la beauté du concept : pommiers libres.
Car il est coquin le pommier, même sous le joug de
l’agriculture, il conserve un côté inattendu et indomptable. Il est impossible
de reproduire les caractéristiques d’un spécimen par le pépin. Il faut donc passer
par la greffe pour assurer une stabilité variétale comme les pommiers que l’on
connait tous (McIntosh, Cortland, Spartan…). Chaque pépin recèle en lui un
spécimen unique ce qui fait que chaque pommier recèle en lui plusieurs dizaines
de milliers de possibilités de spécimens différents. Le pommier est donc une
bombe de biodiversité! À cet égard, il est bien étonnant de retrouver en
majorité écrasante, une vingtaine de variétés sur les vergers québécois. Bof,
tant pis pour la biodiversité…
À l’image du chien, meilleur ami de l’homme, le pommier est
depuis le début de la colonie, le penchant végétal de cet adage. Cet arbre
possède une adaptabilité hors du commun, naviguant entre son cœur sauvage et sa
fidélité domestique. Il a su s’adapter au climat cinglant du Québec et à cet
égard, il est un peu notre semblable. Un genre de coureur des bois ensauvagé au
contact de la nature brute et de la liberté.
Et bien cher pommier, cours, cours!
Vive le pommier libre!!!
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