La chasse aux pommes
Salut à toi vieux pommier!Que tes bourgeons fleurissent, qu'ils grossissent!Et que tes branches portent quantité de fruits!Chapeaux pleins, mains pleines!Minots, minots, sacs remplis!Et mes poches pleines aussi! Hourra!
La roue
du temps qui tourne nous ramène allègrement vers l'automne. Les journées
raccourcissent, les fruits grossissent et on ne peut pas se tromper, il y
aura encore un hiver cette année. Je vous offre ici un petit retour en arrière
sur la saison de récolte 2021 ainsi qu'un petit guide du chasseur de pommes !
Automne
2021
Alors que
mes parents complétaient une circumnavigation de Terre-Neuve en voilier (et
oui, ça mérite une tape dans le dos et une ou deux bouteilles de cidre),
les pommiers eux se déchargeaient plutôt rapidement de leurs fruits. Ce fut un
automne chaud et ce fut sec, très sec. C’est joli mais les fruits eux tombent
rapidement. C’est peut-être un réflexe des pommiers par souci de conservation
hydrique mais la récolte fut hâtive et les fruits se sont gâtés très
rapidement. Par manque de disponibilité de cueilleurs et sans chambre froide,
on a perdu plusieurs pommes surtout en première saison de récolte (mi-août).
Belle leçon pour les pommiculteurs sauvageons! En choisissant de travailler avec
des pommes issues de sauvageons, disons qu’on ne joue pas selon les mêmes
règles que les producteurs conventionnels. Cette fameuse McIntosh et sa parenté
ont des capacités de conservation qui défient les lois de la nature. Ce sont
des Formule 1 de la conservation. En conjonction avec des chambres froides
ultra sophistiquées où on aseptise et contrôle la composition de l’air et
l’humidité, l’industrie est maintenant capable de conserver des pommes sur une
échelle de temps qui se rapproche tranquillement de la momification. Avec les
sauvageons, c’est tout le contraire. Ces petites pommes pleines de tanins, de
polyphénols, très sucrées pour la plupart et qui sont loin d’avoir une peau de
type « annonce de crème pour le visage » se gâtent très rapidement.
C’était peut-être particulier cette année-là avec la chaleur automnale mais la
récolte de ces pommes demandera du tact et de la stratégie.
Parlant de stratégie, il semblerait qu’une des clés de la récolte en milieu sauvage soit de conserver les pommes aux champs le plus longtemps possible. Ces pommes tombent sur le sol, à l’ombre, sur une couche d’herbes fraîches qui laisse un joli espace d’air contrairement à la mise en minot qui entasse les pommes et réduit la circulation d’air. Ça reste à déterminer car ça dépend de l’état des fruits au sol (plusieurs pommiers sauvages ont plutôt un champ de roches au pied et les pommes s’abîment en tombant). C’est une des tâches que les pommiculteurs sauvageons auront à accomplir: construire un beau petit nid douillet d’herbe douce pour que les pommes atteignent le sol comme sur un nuage de ouate (sans exagérer bien sûr).
Car la pomme qui tombe par elle-même est la meilleure pour le cidre. Par contre, certaines pommes semblent insécures, bien accrochées à leur maman branche et doivent être secouées (petite pomme, n’aie pas peur de prendre ton envol!). Voici notre méthode de récolte pour les grands-parents pommiers:
Matériel
nécessaire :
- Filet,
bâche ou autre textile d’assez grande surface qui servira à réduire le
choc émotif des pommes et les rassembler par la suite.
- Poche de style sac d’oignons,
chaudière de 5 gallons, minot traditionnel ou tout autre contenant qui
servira à transporter et entreposer les pommes. Idéalement pas trop gros
pour le poids et qui offre une bonne ventilation sans pour autant laisser
les petites pommes s’enfuir.
- Une corde ou une courroie
d’environ 40pi avec un poids fixé en son bout (dite la technique à
Jacques). Explications à suivre.
- Un crochet de style gaffe de
voileux avec un manche télescopique pour atteindre les pommes trop hautes
qui ont le vertige et qui ne veulent décidément pas faire le grand saut
(ah si les pommes avaient des ailes!)
- Petite scie à main,
sécateur, machette ou débrousailleuse à gaz pour dégager le dessous de
l’arbre et faciliter la récolte. Si vous y retournez à chaque année, cette
étape sera de plus en plus facile.
- Un carnet de note pour
identifier l’arbre, goûter la pomme, noter les arômes, la sucrosité, la
quantité récoltée et pour être sûr de ne pas laisser filer une inspiration
poétique qui passerait par là.
- Idéalement un réfractomètre
pour mesurer la sucrosité question d’avoir un suivi et une indication sur
le niveau de maturité.
- Une armée de petits enfants
pour ramasser les pommes. Le truc est de leur faire croire que ce n’est
pas un TRAVAIL mais un JEU. Une fois que l’idée est bien implantée dans
leurs têtes, laisser macérer et profitez. Si vous n’en avez pas sous la
main, c’est quand même beaucoup de temps et d’énergie pour les élever et
les amener à un niveau adéquat. Dans ce cas, mieux vaut ramasser les
pommes soi-même. Si vous en avez, utilisez des amis;)
- Des lunettes de sécurité (ou
de soleil) peuvent être une très bonne idée. Si vous êtes le
« secoueux », vous aurez à traverser une forêt de petites
branches potentiellement blessantes pour les yeux. Il faut faire
attention!
L'important est de bien étendre son filet! De cette façon, on optimise la récolte au maximum. Pour notre part, nous avions un filet pour ombrager les serres. Il s’agit d’un filet d’environ 100pi par 40pi que nous avons coupé en 2 sur le sens transversal pour finalement avoir un filet de 50pi x 80pi. Nous l’avons ensuite cousu sur la longitudinale jusqu’à la moitié de façon à laisser une ouverture.
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